Prendre le temps

Prendre Notre Temps, à la fois un MOYEN et un OBJECTIF.

Qu’est-ce que le temps ? Que signifie cette notion ?
Selon John Wheeler [1], le temps, c’est le moyen que la Nature a inventé pour que tout n’arrive pas en même temps.
Le temps fait partie de notre quotidien. Parfois, on en manque, on en perd, on court après… Le temps est une ressource rare et limitée. C’est un bien précieux que nous ne pouvons ni stocker, ni conserver pour une application future. Il s’écoule irrémédiablement tel le ruissèlement du sable dans le sablier que Khronos tient dans sa main droite.

Dans notre projet nous souhaitons Prendre Le Temps.

Cette envie, nous en avions déjà conscience, et l’avions déjà écrit, mais nous l’avons mieux verbalisé en mars 2013 lors d’une discussion avec notre ami Luc, au cours de laquelle nous évoquions un article d’Hubert Guillaud à propos d’une conférence d’Hartmunt Rosa [2].

Ci-dessous quelques extraits choisis.

  • « Toutes les sociétés modernes sont caractérisées par une pénurie de temps : plus une société est moderne, moins elle a de temps ». Ce n’est pas le pétrole qui nous manquera un jour, mais plutôt le temps, ironise H. Rosa. Comment expliquer cela ? Un économiste suédois a proposé un axiome : la richesse du temps est inversement proportionnelle à la richesse matérielle. « Plus on est riche matériellement, plus on devient pauvre en ressource temporelle. »
  • H. Rosa dit encore : "Longtemps, j’ai pensé qu’il était impossible de résister individuellement à l’accélération, car elle est un problème structurel de la société, comme le soulignait Adorno. Si vous décélérez, vous sortez du jeu. Dans la roue de la cage du hamster, nul ne peut ralentir. Mais peut-être est-ce une vision trop sceptique ? On peut trouver de petites formes de résistances individuelles.
  • H. Rosa cherche à identifier les mécanismes qui nous poussent à l’accélération et à la croissance. Il conclue que « Si on prolonge cette escalade de vitesse, il nous faudra demain dépasser les limites de l’homme. Si on la refuse, il nous faut trouver les moyens de réduire la vitesse de l’évolution sociale. » En effet, nous vivons dans une société de croissance et le temps, lui ne peut pas croitre.
  • La lenteur est une richesse de temps. « La lenteur c’est le sentiment de ne pas être sous la pression d’une urgence, de ne pas être obligé de faire une chose sans en avoir le temps. » La richesse temporelle n’est ni l’ennui, ni une décélération contrainte, mais elle est avant tout un élément d’autonomie.
  • « Le rêve de la modernité c’est que la technique nous permette d’acquérir la richesse temporelle. » La conséquence de l’accélération technologique c’est qu’on a besoin de moins en moins de temps pour réaliser une tâche, une activité précise. Nous devrions donc avoir plus de temps libre que jamais. Pourtant, nous ne disposons pas de plus de temps : nous en avons toujours trop peu. Nous vivons dans une pénurie de temps, une « famine temporelle ».

Et pour compléter, une constatation de Jeff au retour de 2 mois passés à Madagascar, qui nous dit « En occident nous pensons que le temps passe, alors que c’est nous qui passons… ».

Nous sommes sensibles à ces réflexions, c’est pourquoi notre projet intègre une volonté de Prendre le Temps.

Nous espérons donc que vous trouverez un moment hors du temps pour tenter avec nous d’appréhender le temps différemment.

[1physicien théoricien américain - Université de Princeton

[2Philosophe allemand auteur de Accélération : une critique sociale du temps et Accélération et Aliénation

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